Les photos-poésies de Bardig Kouyoumdjian
Bardig Kouyoumdjian est photographe, basé à Paris. Il est diplômé de The New York Institute of Photography. Après un travail de plusieurs décennies réalisé sur le thème de l'Arménie, et du génocide des Arméniens, Bardig explore avec la même sensibilité la ville. C'est grâce au traitement photographique effectué avec ses logiciels que la poésie de la photographie dévoile toute sa beauté pour nous envouter et nous entraîner dans un monde intérieur riche de sensations. L'Amérique d'est en ouest, l'Arménie, Paris, l'Europe en général, ont ici d'autres visages, d'autres couleurs, et d'autres formes.
Christine Siméone, publié le 26 décembre 2020 - France Inter
Etonnant, pour ne pas dire jamais vu, ce travail peut cependant évoquer l’oeuvre générée par l’informatique naissante, réalisée dans les années 60 par le photographe allemand Hein Gravenhorst. Mais, loin des clichés cinétiques, motifs géométriques de ce dernier, Bardig lui, fort des avancées de la technologie, sa « photo manipulation » se joue du spectateur : un réalisme hypnotique et poétique de la ville, tout à la fois séquencée et démultipliée.
Avec Bardig on est loin de l’art psychédélique, seul, comme d’aucuns ne manqueront pas de le souligner, un écho de l’univers fou de MC Escher. Bardig s’inscrit dans la modernité. A l’opposé de la « street photography » tendance actuelle, lui, mariant le classique et le moderne, questionne le rêve, l’âme, l’authenticité derrière l’effet esthétique.
Il faut entrer, entrer au coeur de l’image qui se doit d’être présentée dans les plus grandes dimensions possible. S’y noyer dans le tourbillon, les remous des détails infinis. Bardig fait chavirer, persistance rétinienne, mais limite de l’évanouissement…
Tout le monde mitraille le monde, par objectifs interposés, smart phone et vulgaire attitude. Alors, pourquoi la ville ne regarderait-elle pas tous ceux qui ne savent que voir, jamais regarder ? Les yeux dans les yeux. L’oeil est central… et donc au fond de la forme, au centre de ces compositions. Image mirage, bouclier, bijou, bille et pupille. Pupille, dilatant une autre profondeur. Vertige et déséquilibre. Mouvement hallucinant – spirales aspirantes- ; explosion de couleur, de lumière – certaines pièces étant à voir comme des vitraux ou des mandalas, choeur de l’âme- ; multiplication, diffraction. Homme tout petit, perdu et apeuré, ville tentaculaire et dominante. New York, Amsterdam et tant d’autres Babylone.
Bardig aime citer la phrase de Georges Braque : « L’art est une blessure qui devient lumière » et pour parler de son travail nous prendrons celle de Paul Klee : « L’oeil suit les chemins qui lui ont été ménagés dans l’oeuvre. »
Patrick Le Fur - ARTENSION - 2018
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